Mariage juif : L’amour commence après

Extrait d’une conférence sur le mariage juif par le Grand Rabbin Joseph Sitruk ztsl https://www.youtube.com/watch?v=nA-iwd7Em7g

Prendre le temps de s’aimer

Il est impossible de prendre le temps de s’aimer avant le mariage, impossible. Pourquoi ? Car on perd un temps fou, il faut tellement de temps pour s’aimer. Si on attend de s’aimer pour se marier, on ne se mariera jamais. Pourquoi ? Parce qu’on va se dire  » Encore un peu, encore un peu de temps ! », on ne fixera jamais la limite. Les seuls mariages qui ont réussi ce sont ceux qui ont consisté à se jeter à l’eau le plus tôt possible, à tenter le pas, à courir le risque.

Comment peut-on le faire? Cela se fait à deux conditions : 1/Le projet de vie commun et 2/ Le petit coin de ciel bleu.

Si on ressent juste cela, alors on avance !

Le coup de foudre de Rivka

Que va-t-il se passer ? Lorsque la Torah nous parle du mariage de Isaac et de Rivka, vous vous rappelez sans doute, ce fut fait par un intermédiaire, notre ami Eliézer, serviteur d’Avraham qui était allé chercher une femme pour le fils de son maître, Itshak. Il revient avec la promise. Elle le voit de loin. La Torah nous dit qu’elle a aussitôt deux réflexes: elle tombe de son chameau, on dit le coup de foudre, chez nous on dit le coup du chameau. (Rires). Tout de suite, elle se couvre. A Juans les pins, ça ne se passe pas comme ça, comme vous savez…quand on veut attirer on se découvre ! Or Rivka se couvre. Pourtant, visiblement, il lui a plu. Elle ne le dira pas car cela n’est pas important.

Les besoins d’amour

Et là, j’arrive à ce que j’ai à vous dire. Je crois que plus ce qu’un homme a besoin d’être aimé, c’est la femme qui a besoin d’être aimée. Une femme a besoin fondamentalement de se sentir aimée.

Un homme a besoin de s’en sentir admiré, valorisé. Il y a beaucoup de gens qui ne l’ont pas compris. J’ai vu trop de couples échouer pour me permettre de l’affirmer de façon fondamentale. Aussi simplement que cela. Quand un homme a aimé sa femme, généralement il a été assez fort pour surmonter les difficultés de la vie. Quand une femme a trouvé dans son mari, ce qu’il a de grand, quand elle a trouvé en lui une valeur, elle a été assez grande pour passer sur les épreuves de la vie. Voilà comment les choses sont présentées par la Torah.

Se marier d’abord

Le caractère qui va suivre est encore plus extra-ordinaire car la Torah le précise « Il épousa Rivka et il l’aima ». Cela veut dire qu’il l’a aimé après l’avoir épousée. Pourquoi ? Vous me direz, il n’a pas eu le temps de la connaître : chameau, tente, cela s’est vite fait. Mais en fait, il y a là toute une conception qui n’est pas due aux circonstances. Cette fameuse Rivka et ce fameux Ishak vont s’aimer après le mariage car ils vont apprendre à se connaître.

On va complètement inverser les pôles de la vie. Généralement que disent les gens? « Je donne à ceux que j’aime ».

Je donne alors j’aime

Exemple du paysan laboureur

Lorsque je suis attaché à quelqu’un je lui fais un cadeau. J’aime les personnes à qui j’ai donné. Nous l’apprenons du paysan qui laboure sa terre. Je ne sais pas si vous avez vu les paysans regarder leur terre: Ils l’adorent. Si c’était pas simplement leur gagne pain, il l’a caresserait sans arrêt.

Les oeuvres du peintre

Je ne sais pas si vous avez vu un peintre regarder son œuvre il l’adore, il ne la vendrait jamais. Si ce n’est par nécessité économique, en amour on n’aime pas vendre ce que l’on aime. Je connais un monsieur qui grâce à D a quelques moyens et une très belle collection de tableaux. Il m’a dit: « J’ai une grande maladie! Je ne sais pas vendre! ».

L’amour ne se vend pas

En fait ce monsieur m’a rappelé un texte du Talmud qui dit que dans une transaction c’est toujours le vendeur qui est malheureux. Cela paraît contradictoire! Aujourd’hui la plupart des gens disent « Je me suis débarrassé, j’ai vendu mon affaire , j’ai vendu mon appartement ! Que prouve cette joie de la vente ? Que l’on aimait pas ce qu’on avait ! Quand on aime quelque chose on ne vendrait à aucun prix.

Lorsque l’on réalise ce que signifie, en filigrane cette démarche psychologique: nous sommes attachés à ce qui nous a coûté. Comme le paysan qui a travaillé 7h sur sa terre, il a donné le meilleur de lui-même. Ainsi le peintre peut transférer sur un tableau, son art, son inspiration. Le poète aussi n’a pas envie de vendre son œuvre. La culture ne se vend pas, le savoir ne se vend pas, on ne peut vendre que sa fatigue parce que au fond elle ne nous appartient pas. Ce pour quoi on s’est vraiment investi , qui a exigé de nous de gros efforts, ne nous appartient pas, on le donne.

Quand on a fait un effort, on a l’impression que l’énergie est partie, elle n’est plus en nous, on transpire, on est fatigué mais en fait cela ne nous appartient plus.

S’attacher, s’investir

Quand à contrario dans la vie quelqu’un a su s’attacher à quelque chose c’est parce que précisément ça lui a coûté beaucoup: Une maman aime son bébé parce qu’ il lui a coûté beaucoup de travail, beaucoup d’angoisse, beaucoup de nuits blanches, elle l’a porté pendant 9 mois, elle a peut-être un peu souffert pendant son accouchement, elle a beaucoup souffert pour son éducation, elle s’est faite beaucoup de soucis pour sa santé alors elle l’aime !

Un autre exemple que j’aimerais citer. Celui d’un couple un jeune couple qui a dû être séparé, malheureusement en 1939 en 1942. Ils ont été déportés, ils venaient juste de se marier avant la guerre. C’est le mari qui se retrouve avec le petit garçon qui était le leur. Il va élever cet enfant pendant plusieurs années. Par bonheur la maman va aussi survivre à la tragédie de la SHOA,. Quand ils vont se retrouver raconte le témoin, jamais il n’y aura les mêmes relations qu’il y avait entre le père et l’enfant, entre la mère et son enfant. On a cru que de façon atavique, liée à la nature de la maman, les enfants aiment leur maman, sont attachés à elle. Et bien, non! C’est parce qu’elle aura beaucoup donné qu’il y a attachement.

De la même façon, j’entendais juste dire des personnes nommer la synagogue comme la leur, « Ma synagogue ». Pourquoi? Car ils vont y prier, ils l’ont peut-être construite, il y font des dons, ils y ont apporté leur présence, leurs biens, leurs espérances. Par conséquent, c’est « leur synagogue »!

Se marier et s’aimer

En fait c’est ainsi dans toute la vie c’est-à-dire que c’est seulement quand on a donné qu’on se met à aimer. Comment voulez-vous donner à quelqu’un avec lequel vous ne pouvez pas vivre vraiment ? Prenez la décision de vous marier et de donner à l’autre!

NB: Les sous titres ont été ajoutés par la rédaction