8 questions pour mieux comprendre le mariage juif

Rav Gabriel Levy

Pleines d’actions sont faites lors d’un mariage juif. On donne une bague, on casse un verre, on met un talith, on est sous un dais nuptial: la Houppa.
Pourquoi tout ça et que signifie chacun de ces éléments ?

Quelle est la structure du mariage juif ?

L’élément clé pour comprendre comment fonctionne un mariage juif c’est le fait de savoir que le mariage juif est composé de 2 cérémonies différentes qui ont été collées : la cérémonie de Kidouchin et la cérémonie de Nissouin. A l’origine, elles étaient séparées d’un an entre les deux.

Qu’est ce que les kidouchin ?

A l’origine cette cérémonie se faisait 1 an avant le mariage. Pendant cette année là, ils ne vivaient pas ensemble. D’un coté ils sont unis, et d’après la loi juive, ils ont l’obligation de ne pas etre avec quelqu’un d’autre, ils sont exclusifs. Mais d’un autre coté, ils n’ont pas le droit de vivre ensemble.

Donc que signifie cette phase ? C’est en réalité quelque chose de profond. Le mariage juif ne se limite pas uniquement au quotidien. Il y a quelque chose dans le couple juif qui est au delà du quotidien. Les Kiddouchin c’est justement pour parler de cette union là qu’on peut appeler l’union des âmes.

D’après la Guemara, 40 jours avant la création de l’homme, on dit ‘tel homme pour telle femme’ ; il y a quelque chose qui précède le coté réalisé du couple comme une union des âmes.

Pourquoi donner une bague ?

Cet acte de Kidouchin se fait par le fait que l’homme offre quelque chose à la femme et la femme l’accepte. Avec le temps on a eu la coutume (qui vient de la kabala) de donner une bague. La bague, ‘tabaat’ en hébreu c’est le même terme que ’téva’, quelque chose qui est de la nature, de l’essence.

La bague est quelque chose qui est rond, cyclique. Tout ce qui est naturel est cyclique et rond. C’est comme si on disait qu’on est une seule et même entité. On a une nature commune, une essence commune comme si deux bouts d’âmes se réunissent enfin et se rassemblent.

Qu’est ce que les kidouchin nous apprennent ?

Cette dimension de kidouchin donne une force, une stabilité au couple juif.

Le fait de savoir ce qui fait de nous un couple, ce n’est pas juste la somme des interactions quotidiennes mais qu’il y’a quelque chose qui précède ; qui n’est justement pas dans la réalisation ; qui est au delà de la réalisation, quelque chose qui est de l’ordre d’une union première, c’est cela qui donne une stabilité.

Que représente la Houppa ?

C’est l’étape de Nissouin : rentrer sous la Houppa c’est rentrer dans la maison commune. La Houppa représente le commencement d’une vie ensemble.

Pourquoi aujourd’hui tout se fait dans la même cérémonie?

Ces derniers siècles on a réuni ces deux phases dans une seule et même cérémonie pour
éviter les complexités qu’il y avait lorsque ces deux cérémonies étaient trop éloignées où le
couple était uni l’un à l’autre mais ne vivait pas ensemble et cela créait quelques problèmes.
Donc, on a préféré réunir ces deux cérémonies en une.
Il est important de voir que la structure reste inchangée.

Pourquoi s’envelopper d’un Talith ?

Certaines communautés ont la coutume de prendre le talith, le marié va d’abord s’envelopper du talith puis va envelopper la mariée, les deux sont enveloppés dans le même talith.
Il y a quelque chose de très fort la dedans : ce qui se passe dans un mariage, c’est le passage du ‘je’ au ‘nous’. Le ‘je’ s’élargit à un ‘nous’, c’est ce qui est signifié avec ce talith là qui va d’un coup nous envelopper comme si on créait une nouvelle entité qui pourra même accueillir encore d’autres âmes qui vont venir et enrichir ce ‘nous’ nouvellement créé.

Pourquoi casse-t-on un verre ?

Le fait de casser un verre est quelque chose d’extrêmement fort et profond. Ce que le marié va dire à la fin du mariage :
• ‘im eshkaheh yeroushalaim’ = ‘si je t’oublie Jérusalem, que ma main droite m’oublie’
• ’im lo eale et yeroushalaim al rosh simhati’ = ‘si je ne fais pas monter Jérusalem au sommet de ma joie’.

On se rend compte à ce moment là qu’on n’est pas juste un couple de personnes qui se sont trouvées mais en réalité on appartient à une destinée qui est plus grande que nous. Le fait de créer une nouvelle maison c’est aussi permettre la continuité du peuple d’Israel. On connecte à l’état du peuple, on ressent sa peine, on ressent le fait que le peuple d’israel est encore en grande partie en exil, on n’a pas encore Jérusalem parfaitement reconstruite.

‘Im lo eale et yeroushalaim al rosh simhati’ (si je ne fais pas monter Jérusalem au sommet de ma joie) : c’est pas simplement le fait de dire ‘lorsque je suis au sommet de ma joie je dois me rappeler de Jérusalem qui n’est pas encore reconstruite’ ; c’est le fait de participer à ce projet là qu’on a appelé Jérusalem, le fait d’être une entité qui va accueillir ce futur là , le futur du peuple d’israël qui va essayer de contribuer à cette grande destiné : c’est cela que l’on met au sommet de sa joie.

Pourquoi ressent-on que l’instant du mariage est si fort ?

Il y a quelque chose dans le mariage qu’on ne peut saisir ou expliquer. On touche au noyau de la vie, ce de quoi va émaner la vie. On peut comparer cela au Big Bang : au big bang au premier instant on ne peut pas forcément comprendre toutes les vies qui allaient émaner de ça.

De la même manière, lorsqu’on voit un jeune couple se marier, on n’est pas conscient que dans 50/100/200 ans, toutes les vies qui vont etre créées par cette nouvelle entité-là.